mercredi 28 février 2007

Le Caire en vrac

10 jours en Egypte et la majorité du temps à essayer de saisir sa capitale... Je reviendrais dans les messages ci dessous sur les lieux précis, mais comment classer l'inclassable ?

J'ai découvert une ville en pleine congestion, mais paradoxalement fluide, à l'image de sa déroutante façon de rouler... et de traverser (sensations fortes garanties). Pollution omniprésente, bruit permanent, calme relatif le vendredi, les 5 prières qui surgissent de partout, comme les "welcome in egypt" (énervant pour ceux qui y sont depuis 6 mois...)... Une ville attachante mais que l'on aime fuir dès qu'on le peut via une cour de mosquée où le recueillement couvre la folie de la ville. Une cité moderne avec ses immeubles de 25 étages voisinant avec de rares maisons basses, une architecture protéiforme, résultat d'une histoire multi millénaire et de différentes invasions et autres protectorats.

Une ville où sans une guide en la personne de Vanessa j'aurais eu tôt le sentiment d'être perdu ! Grâce à qui aussi j'ai pu découvrir quelques égyptiens ce qui dans une société fermée n'est pas aisé, mais aussi des gens de partout dans une soirée à l'image de la ville : folle. Quelques invitations lancées au hasard et deux heures après plus de 200 personnes se frayant une place dans un appartement soudain trop petit ! Rencontres avec un soudanais, un érythréen et un malien avec qui je révise in situ mon cours de géopolitique de l'Afrique et où la conversation fait croire de façon éphémère certes à un possible dialogue des cultures. L'envie surtout d'y replonger...

Bonne lecture !

Le Vieux Caire

Un quartier, comme tous les autres, à part dans le Caire. Quasiment vidé de ses habitants, il accueille un complexe d'églises coptes sous le patronage de Saint George. Un peu trop propre pour faire vrai, mais néanmoins preuve d'une présence autre qu'arabo musulmane dans la capitale égyptienne...


Icône placée à l'endroit où la sainte famille aurait séjourné pendant la fuite en Egypte.

Marie donnant le sein. A noter la profusion d'images de Jésus enfant dans tous les lieux coptes.

Une tombe chrétienne écrite en arabe, toujours un peu déroutant...


Une vieille église copte
Un bâtiment de la synagogue du Caire.

...tout cela sur fond d'appel à la prière !!

Balade dans le Caire Islamique

Celle-ci s'est faite en deux temps, mais toujours le soir, donc les photos sont un peu sombres...
Le quartier est dit islamique pour la profusion de mosquées autour de celle d'Al Hazar, siège de la plus ancienne université au monde et référence fondamentale du monde musulman.
Que dire ? Plutôt comment décrire l'entrelacs de ruelles, de madrasas (écoles), palais ottomans, mosquées fatimides, bâtiments sans âges, une vie dans la rue, les souks, les fumeurs de chicha, les retardataires courants à la mosquée quand le muezzin hurle, parfois le calme lorsque les rues sont trop encombrées pour que seules les charettes puissent pénétrer... Trop de choses à voir, à sentir, à écouter... Je vous donne quelques images, difficile d'en dire plus !La mosquée Ibn Touloum, havre de paix et de calme au coeur du Caire. Son minaret (invisible ici) rappelle la tour de Babel.

Al Azar...





La facétie égyptienne ....

Le Mokatam, quartier des chiffonniers

Après la visite touristique de la Citadelle, appel à Chehata, un ami copte de Vanessa. Il nous propose de me faire découvrir son quartier, non loin de là.
Sur les hauteurs, un quartier entièrement bâti pour reloger des populations expulsées de Haute Egypte, coptes pour la plupart. Déracinés, ils ont d'autant plus gardés les liens communaitaires ce qui donne un côté village au quartier qui tourne autour d'une activité : le recyclage. Une caste inférieure est chargée de récolter les ordures du Caire, qui sont ramenées au quartier pour être recyclées. Les ordures sont partout mais sous un ordonnancement précis. Ici, point de misérabilisme, les habitants en tirent leur richesse et ne désirent pas qu'on leur retire leurs ordures, comme certaines coopérations ont tenté de le faire. On y croise le souvenir de Soeur Emmanuel qui a longtemps travaillé ici.

Et puis, à force de monter nous arrivons dans le monastère copte. Un immense espace ou pas moins trois églises ont été ménagées dans la roche. La première, géante, compte 12000 places. Visite guidée où avec Chehata nous comparons l'iconographie copte avec celle que l'on voit chez nous. Plus de références de l'Ancien Testament, une mise en espace différente de l'autel etc.
L'observation des scènes bibliques gravées tels les Monts Rushmore, les formules tirées des Evangiles écrites en arabe... Rien de tel que pour vous dépayser un chrétien occidental !





La citadelle du Caire

On la voit de partout du Caire, c'est la citadelle bâtie par Saladin (dont l'aigle est au centre du drapeau égyptien) pour protéger sa capitale.
Après être passé par les guichets et s'être fait passé, moi par un talab (étudiant) et Vanessa une libanaise (qui paye, comme tous les Arabes en Egypte 20 fois moins que les occidentaux), on a pu voir les deux mosquées de la Citadelle, l'une ancienne (première photo), et l'autre réplique de la mosquée bleue d'Istanbul construite au XIXe par Mohamed Ali, dépourvue de charme.
De l'esplanade, on contemple le Caire étouffé par son nuage....




Aboukir, Rosette... sur les traces de Bonaparte

Non loin d'Alexandrie, la deuxième étape de notre périple fût pour l'est . Un microbus nous emmène à Aboukir. Seul le souvenir historique du lieu de la défaite de la flotte de Bonaparte face à celle de Nelson peut faire oublier son statut de banlieue lointaine d'Alexandrie. Un autre microbus aux hauts parleurs éructant un prêche enflammé d'un imam (sur le thème du voile pour les femmes, merci pour la traduction Vanessa !) nous emmène par d'immenses palmeraies vers Rosette (Rachid en égyptien). Le Routard nous avait prévenu de ne pas venir par temps de pluie, malheureusement si le ciel était éclatant, la nuit avait été humide. Résultat, une ambiance de gadoue et l'impression de communier avec le Nil dont les rives lèchent Rosette...
Malgré tout, la ville nous dévoile ses charmes de village (enfin, dans cette zone des plus densément peuplée au monde, tout village égyptien possède ses immeubles de huit étages, c'est dire...), endormi pour cause de match de foot. Souk, mosquées, une église copte et puis quelques maisons, vestiges de la période ottomane (voir la photo du hamman du XVIIe siècle).
Après quelques kilomètres au bord du Nil, nous tombons sur une forteresse construite par les troupes de Bonaparte à l'endroit même où fut trouvé la pierre de Rosette...
Mais l'émotion sera comble quand nous irons voir l'embouchure du Nil, qui après 6000 kilomètres depuis le lac Victoria à irriguer le désert se jette dans la Méditerranée...




Le retour sera plus rapide, via Alexandrie et la terrasse du Cecil Hotel où descendais marilyn monroe, un épisode d'électrocution par un séchoir qui me rappelle que je suis dans la ville de Claude François, la découverte du confort des trains égyptiens et enfin une nouvelle nuit cairote...

ô Alexandrie !




Alexandrie, deuxième ville d'Egypte, Alexandrie, la ville cosmopolite, la capitale de l'Empire d'Alexandre... Tout concourait pour une visite de cette cité.
Le troisième jour, après le petit déjeuner sur la terrasse de l'appartement dominant le quartier de Dokki, nous partons à la gare Ramsès. Malheureusement, pas de train avant deux heures pour Alex, alors on se replie sur le bus. Nous traversons la région fertile du Delta du Nil avant d'arriver à la gare centrale. Ici, plusieurs différences avec Le Caire, la ville est légèrement plus calme (mais les rues toutes autant difficiles à traverser...) mais surtout, l'air de la mer se fait sentir, changeant de l'atmosphère cairote. Les bâtiments se font plus colorés et au détour d'une rue on peut tomber sur des immeubles tout ce qu'il y a d'européen, vestiges d'une ère révolue depuis la révolution nassérienne.



Qu'ai-je vu à Alexandrie ? Tout d'abord sa belle rade, ses rues, son fort mais surtout sa nouvelle bibliothèque, qui malgré son caractère pharaonique m'a laissé comme l'impression d'une lubie d'occidentaux de restaurer ex nihilo ce qui fit le prestige d'Alexandrie. Architecture sans rapport avec les canons locaux, rayonnages immenses mais le plus souvent vides... A juger de vous-même :
Alexandre le Grand ...